vendredi 2 mai 2008

Rationalisme anthropocentrique

Lorsque Descartes propose le rationalisme comme méthode de recherche de la vérité, c’est surtout le scepticisme qu’il promeut face à l’autorité intellectuelle. De la même manière, le rationalisme du Siècle des Lumières est avant tout opposé au dogmatisme et à l’obscurantisme. Vouloir faire du rationalisme une valeur positive serait naïf et prétentieux.

La rationalité est avant tout un sentiment : ce n’est que par une forme d’introspection que nous nous convainquons de l’existence ou non d’un lien logique entre deux faits ou deux idées. Serait-ce même au départ de données pragmatiques, comment l’introspection pourrait-elle nous apprendre quoique ce soit sur un autre sujet que sur nous même?

Si les faits nous donnent parfois l’illusion que la raison permet de comprendre le monde, c’est parce qu’elle représente un avantage évolutif. Elle est notre capacité à organiser nos souvenirs sous une forme propre à faire des prévisions utiles à notre survie ou à notre reproduction. Elle n’est donc que le reflet du monde dans lequel nous vivons ; c’est notre adaptation intime à notre environnement qui fait que certains phénomènes naturels peuvent être organisés selon des systèmes qui nous semblent logiques. Par beaucoup d’aspects, la science n’est rien d’autre qu’une communication codifiée de notre compréhension instinctive du monde.

En d’autres termes, c’est parce que nous sommes bien adaptés à notre environnement que nos intuitions sont parfois correctes, et que l’introspection peut être constructive. Pour tout ce qui n’est pas traditionnellement nécessaire à la survie de l’espèce, rien ne garantit l’utilité de la raison humaine.

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