mercredi 19 septembre 2007

Ça glisse au Pays du Langage

Aristote nous entretenait il y a peu de quelques euphémismes qu’une nouvelle préciosité essaime dans notre langage. «Vieux», «sourd», «noir», «éboueur» sont bannis de nos glossaires et ne peuvent plus guère exister qu’embastillés de guillemets.

Remplacer un mot par un autre est une tartufferie. Plus insidieux est le mécanisme qui consiste à amalgamer le champ sémantique d’un mot à celui d’un autre. Ici : rien ne transparaît en surface. Les acceptions jouent à cache-cache en profondeur, suscitant des ambiguïtés qui n’a rien d’anodin et qui s’incarnent en de véritables assimilations de complaisance.

Attention, je n’évoque pas des confusions telles que carte de crédit / carte de débit, taxe / redevance, whitehouse.com / whitehouse.org ou encore Je sauve la planète / Je casse un MacDo qui sont sciemment mises en place et entretenues par leurs bénéficiaires respectifs. Je veux évoquer ici des confusions langagières moins flagrantes qui se sont sans doute installées par étourderie ou facilité mais se sont ensuite confortées par le bénéfice que leurs usagers pouvaient, consciemment ou non, y trouver.

Ainsi, l’on confond la spontanéité avec la sincérité. C’est un peu comme confondre la paresse et le silence, comme assimiler un pochard en train de cuver à un bouddha en pleine extase mystique. Feint-on de croire qu’un mensonge nécessite plus de temps à s’inventer qu’une vérité à s’exprimer? Dans ce cas, le moindre chronomètre pourra faire office de détecteur de mensonges. Rien à faire, le seul fait de réfléchir à une formulation, de veiller à être clair et complet est un signe de malignité. Par une sorte de rousseauisme inextinguible, l’on ne peut se défaire de la sensation que « bulbe céphalo-rachidien ne ment jamais » et que « tout néo-cortex vit au dépends de celui qui l’écoute. » Pourtant, tout le monde s’accorde à trouver bien des vertus à la sincérité et à lui reconnaître parfois un mérite à s’exprimer. Je ne manque jamais, à une femme me faisant la fière confidence de son irrépressible spontanéité, de lui demander si elle rote à la fin des repas et si elle pète au lit.

Confusion douillettement entretenue en nos familles et cercles mensans : l’intelligence et le QI. Pourtant, il est clair que l’immense majorité d’entre nous se trouve intelligent, n’est-ce pas? Mais il est tout aussi évident que les tests qui quantifient le QI ne sont guère représentatifs de l’ensemble des situations avec lesquelles notre intelligence se trouve en prise. Linus Pauling, qui fut le seul à recevoir deux Prix Nobel dans deux discipline différentes, affirmait que le pourcentage d’imbéciles parmi les Nobels est le même que partout ailleurs. S’il a raison, qui osera affirmer qu’un test de QI est plus sélectif quant à l’intelligence qu’un prix Nobel? Et s’il a tort... il fait alors peut-être partie de ces imbéciles qu’il évoque!

Une dernière pour la route, soufflée par une flamboytante interview de Jean-François Kahn : la révolte et la rébellion. La révolte ne renvoie guère qu’à la propre frustration du révolté. La rébellion implique, elle, un dépassement des intérêts individuels. Les révoltés expriment leur mal-être en face d’un système en place. Ils l’expriment aussi fort qu’ils le peuvent et jusqu’à ce que le système trouve une conformation qui leur soit plus adéquate... ou jusqu’à ce qu’ils se fatiguent, ou s’en désintéressent. Les rebelles tentent de modifier les choses. Ils peuvent le faire de l’extérieur mais aussi de l’intérieur. Ils peuvent le faire avec fracas ou avec discrétion. ils se nourrissent plus de sincérité que de spontanéité. Cette confusion confronte deux états incompatibles et presque antagonistes. Les rebelles peuvent asseoir leur rebellion sur une révolte, et des révoltés accueillir avec liesse des rebelles, mais c’est là la seule synergie à attendre.

« Et cela se passe comment, quand une personne spontanée, révoltée et à haut QI rencontre une personne plutôt sincère, rebelle et intelligente?

- Comment voulez-vous que je le sache?»


1 commentaire:

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