Trop intello, ton blog!

« .../ d'ailleurs il est trop intello ton blog. » clôture un email dont je nous épargne l'intégralité.

Je sais, un démenti simple et parfait serait par exemple de répondre : « Pauvre idiot! » Si au contraire j'octroie ici une éphémère postérité à cette petite phrase, c'est moins par charité que pour pointer une tendance que je crois nouvelle à l'objectivation abusive. Des précisions telles que "selon moi" ou "à mon goût" deviennent rares de telle sorte que, en cas de 'clash' entre un fait du monde et nous-mêmes, nous nous exemptions de toute responsabilité. Les "c'est pas bien" remplacent les "ça ne me convient pas". Ce n'est pas moi qui ne suis pas en phase avec le monde mais l'inverse. Cette tendance impose que les valeurs absolues remplacent les appréciations relatives... sans doute en réaction à un postmodernisme radical ne donnant plus aucune prise à l'objectif.

J'imagine – mais de quoi se nourrit l'imaginaire? – j'imagine donc deux femmes dans une boîte à partouzes. L'une trouve qu'il y a trop de sexe. L'autre est simplement venue pour boire un Coca. Autour d'elles, ça fornique avec joie et/ou labeur. De la conversation des deux dames se tricote un récit publié sur un blog et lu par le maître des lieux s'interrogeant sur cet établissement étrange.